L’humiliation est partout où l’on regarde : le poids des administrations et des charges financières quotidiennes qui nous font nous sentir pas à la hauteur, pas compétents, l’éducation, et son lot de violence ordinaire (fessées, rabaissement verbal…), l’école et ses notations qui ne voient que ce qui va mal, les boulots mal payés et « esclavagisants », une politique infantilisante qui décide pour nous, qui prétend savoir mieux que nous ce qui est bon pour nous, un système publicitaire qui nous prend souvent pour des imbéciles… A cette humiliation ambiante s’ajoute parfois l’humiliation au sein de nos foyers : petites phrases assassines, infantilisation, prise de pouvoir, parfois abus sexuels…

L’humiliation est un vrai cancer de la joie. En effet, l’humiliation entraîne l’humiliation : celui qui a été humilié humiliera à son tour. L’humiliation est à l’origine de beaucoup de violence : celui qui se sent humilié, se sent impuissant. Et l’impuissance rend violent, souvent la seule voie est : passer à l’acte. L’humiliation entraîne le sentiment de honte, donc la blessure se cache et devient difficile à atteindre, même dans les thérapies puissantes. La blessure d’humiliation interdit toute réalisation personnelle, elle interdit de répondre à nos besoins et nous emmène à toute forme de pauvreté : financière, affective, spirituelle, relationnelle…

STOP À L’HUMILIATION.

Que ce soit au travers de la dénonciation de toute forme de harcèlement, dans la dénonciation de la violence ordinaire, dans les alertes lancées à certains niveaux du système, nous sommes tous en train, probablement, de saturer tous avec toute forme d’humiliation. Nous en avons marre, et sortir de cette blessure peut paraître, hélas, une montagne infranchissable. Car l’impuissance est grande.

Peut-être pouvons-nous commencer par nous voir dans notre propre blessure d’humiliation, dans la façon dont nous pouvons nous sentir humiliés au quotidien, dans notre façon d’humilier l’autre, même inconsciemment… L’impuissance pousse au passage à l’acte. Peut-être pouvons-nous apprendre petit à petit à accueillir cette impuissance, à la regarder, avec bienveillance, tristesse, voire compassion…

Mon rêve thérapeutique est là, à cet endroit. Je souffre de voir les dégâts, tous les jours, des humiliations. Il faut parfois des années pour reconstruire quelque chose qui a été brisé en quelques minutes… Mais le chemin est long pour l’instant… L’ennemi de la honte, c’est la parole. Pourquoi ne pas déposer tes humiliations sur une feuille quelque part ? Sans haine, juste un constat, la liste de tout ce que tu vis d’humiliant. Et peut-être regarde comme tu humilies l’autre parfois… Et puis quand elle te paraitra complète, peut-être auras-tu envie de la partager, de la bruler ?